AGASEF STORY :
LA FORCE DE L’HETRE
C’est l’histoire d’une association,
Une association créée pour promouvoir l’action sociale,
Une association qui n’a cessé de s’agrandir, se construire, s’enrichir, se bâtir,
Une association qui a dû se transformer, se réformer, s’est déformée et reformée
Tout cela sans jamais se renfermer.
Cette association, sur ses missions, a su se centrer,
Puis se décentrer, cherchant ailleurs, pour enfin se recentrer
Autour de valeurs sûres
Ou d’un labeur plus pur
Une association qui, dans un monde complexe, a pu enrichir ses équations
Toujours avec cette recherche d’adéquation avec un social en mutation
Cette association est comme un arbre, un hêtre
Car elle cherche à être plutôt qu’à paraître,
En cela elle n’a jamais caché,
Sous aucun ramage ni plumage,
Ses choix et parrainages,
Cette association, cet hêtre, fête aujourd’hui ses 40 ans,
Elle est au centre de la mouvance, au centre du courant
Maturation, force de l’âge,
Ramification, soigne ses entorses et surnage
Cet hêtre aujourd’hui de plusieurs mètres de haut,
Retrouvons-le quand il n’était encore qu’arbrisseau :
L’après-guerre, aux politiques, incita à un nouvel humanisme,
Il fallait mettre de côté les racismes et surplomber les égoïsmes
Après la destruction systématique et raciale, après la solution finale,
Chasser les inégalités et faire de la fraternité un nouveau fanal
D’où l’urgence d’une nouvelle politique d’aide aux défavorisés,
De la pauvreté, les décideurs ne pouvaient plus être désabusés
Une sensibilité civique pour un nouveau contrat social à naître
Tous, association comme collectivités locales, avaient à s’y mettre.
Dans les années 50, Henry Groues plus connu comme l’Abbé Pierre
Eut l’ambition, alors jugée utopique, d’abriter tous les déshérités
Il créa les cités d’urgence comme premier lien, première tanière
Sorte de revanche contre le destin animée d’une vraie solidarité
L’hiver 54 fut rigoureux et vit les chiffonniers, compagnons d’Emmaüs,
Construire pour les malheureux, des logements sociaux, et fuir les laïus,
Ces discours creux qui, loin de bâtir, se perdent en compromission
Et plutôt que d’aider les vrais nécessiteux, se dispersent en toute autre mission
A ces initiatives personnelles suivirent d’officielles campagnes politiques
Planifiant de grandes actions, pour dissoudre la misère d’une façon étatique
Ces plans, fondés sur un désir messianique de bâtir un état providence
Permirent que de nouveaux projets se multiplient à régulière cadence
Années 60 :
Sur Saint-Etienne, des missions telles que la résorption des bidonvilles
Furent commanditées à des foyers comme les SONACOTRA
Loger des personnes en grandes difficultés faisait partie de leur contrat
Néanmoins ces regroupements artificiels excluaient les gens des villes
Ne favorisant pas leur enculturation et estompant tout développement potentiel :
Une aide des nantis pour autant que le miséreux demeure loin de leur propre ciel !
Une véritable entraide empathique devait donc se donner d’autres moyens
Afin d’éviter un effet « banlieue », mise au banc, rejet, exclusion
Il fallut créer une association, intermédiaire et agrégeant, créant de l’inclusion
Une synergie entre politique, juridique, social, éducatif pour y inscrire des citoyens
Sortir des taudis
Sortir des discours,
Sortir des prosodies
Pénétrer une autre cour
D’où la naissance d’un nouvel organisme social à durée temporaire
L’Association de Gestion des Actions Sociales et des Ensembles Familiaux
Nous sommes en 1969 et elle doit accompagner les précaires
Créer avec les autres communautés de véritables liens plus filiaux
L’arbrisseau, l’hêtre, naît de cette graine d’humanité
La forêt où elle voit le jour est encore clairsemée.
L’arbuste est arrosé par le liquide vital des subventions
Il engendrera ses propres outils de soins et de préventions
Et s’étayera sur la force d’une ligne directrice,
Contre la violence, le rejet et la misère, se faire protectrice
Là sera, de notre arbuste, le tronc commun
De là ses parfums capiteux aux senteurs de jasmin.
Composée au début d’une assistante sociale, petite sœur de l’assomption
L’AGASEF grandit et très vite un nouvel éducateur vint y apporter contribution
Pour encourager les familles à entrer dans le champ de la responsabilisation
Avec cette saine ambition à terme de contribuer à une vraie autonomisation.
Début 70, l’association se dote à sa tête d’un directeur charismatique : Mr BERLEY
Avec ses dix ans d’expérience dans le secteur, une vraie volonté de son front perlait
Pour lui l’esprit d’initiative est à la crainte anxieuse ce que la Harley est au Solex
Homme au fort gabarit, la nonchalance avec lui se tarit ; plus qu’une Festina : une Rollex
Alors, conviction, motivation et éducation partent en guerre contre la misère
Le nouveau directeur connaît la région, le secteur, la cité, les zones moins prospères
Certes, il faudra du temps et de la patience pour que son action soit plébiscitée
Mais, du centre social de Reveux, contre la misère sociale il voulait batailler
Parallèlement à ça, des faits d’incivilité surviennent dans les quartiers
Sur ce point tout y est : Petite délinquance, vol, dégradation ou langage de Chartier
Pour y faire face, en 1975, s’ouvre le service de prévention spécialisée
En cela un vrai soutien des jeunes en voies de marginalisation sera avalisé
L’action vise à combattre l’isolement et cherche à restaurer les liens sociaux
Tout cela avec l’ambition de limiter toutes formes de rejets raciaux
Respect, civilité et aide à l’adaptation sociale en sont les fers de lance
Enrayer à la base les actes de délinquance permet à l’AGASEF une relance
Pour la « prév », les financeurs en sont l’aide sociale à l’enfance et la DDASS
Des organismes solides renvoyant aux calendes d’éventuelles menaces
Ainsi, notre hêtre, notre arbre, vous le comprenez, se ramifie
Il prend corps, a du cœur et s’agence autour de ce tronc qui le fortifie
Il a la couleur grise argentée et naissent de ses extrémités,
De jolies faines agrémentées de feuilles entourant leur intégralité
De là, des branches plus épaisses vont pousser peu à peu.
De 1972 à 2000, l’association soutient ainsi les centres sociaux,
Dame Blanche, Maison de quartier de Moréno, Séverinne, Centre social de Reveux,
L’ex arbrisseau s’observe dans le miroir et s’étonne de monter si haut !
Le but des centres sociaux est double et sous-tend quelques projets en germe :
Actions de remise en route de maisons de quartier avec reprise d’autonomie à terme
Création d’outils pour aider les nécessiteux puis fermeture naturelle des structures
Ces centres doivent préserver l’idéologie de l’AGASEF pour éviter toute fracture
Et une fois la gestion sociale terminée, ils sont redonnés aux habitants.
Avec cet esprit d’autonomisation qui, pour l’association, compte tant.
L’accession à l’autonomie est un facteur paradoxal
Elle prévoit un attachement marqué d’un long apprentissage
Avant qu’enfin les parfums de la liberté sortent et exhalent
Un respect de soi, l’autre et la loi, en bref, une âme plus sage
Les années 80 :
Notre hêtre commence à foisonner de ses multiples ramifications
Arrosé par de nouvelles subventions issues de la décentralisation
Il se fait l’auteur de sa propre fabrication et accentue ses implications
Il prend de la hauteur, fortifie son écorce et soigne son arborisation
Ses jardiniers, personnel éducatif et social, sont vigilants à bien l’étayer
Des dangers ils savent l’écarter et, quand il le faut, le tailler.
De 79 à 86, l’AGASEF couvre la Société Forézienne de Valorisation et de Promotion.
Elle va se décentraliser, procurer des ressources, des droits et de la formation
A des jeunes précaires en difficultés, hantés par les échecs scolaires et professionnels
Cette société s’autonomisera pourtant en 1986 en laissant quelques séquelles
En 1988, Le service Revenu Minimum d’Insertion prend naissance,
Maryse ROCHEFOL et son équipe devront redonner leur décence
A des gens fragilisés perdus dans une indifférence devenue des plus banales
Ce grâce à un minimum vital qui en terme d’outil entrera dans les annales.
Notre arbre grandit, se déploie dans un ciel flamboyant.
En 1989, il a 20 ans et se dresse fougueux et fier comme Artaban
Il est au Printemps de sa vie et résiste à toutes les intempéries,
Il ne craint pas les temps pourris et insiste là où d’autres ont dépéri
L’année 1993 voit la création de Loire Service Environnement,
Se noue une nouvelle façon de faire de l’insertion professionnelle
Nettoyer des rivières et des forêts va devenir institutionnel,
Pour des jeunes en mal d’insertion, ce job est un avènement
En 1994 se crée l’Accompagnement Social lié au Logement
Ce service aide les personnes à retrouver ou à se maintenir décemment
Dans un foyer alors jugé inadapté, habitat insalubre, moins ami qu’ennemi
A son apogée, il comprendra deux temps partiels et sera rattaché au RMI
Le conseil général va financer ces actions qui,
Habituellement incombent aux entreprises privées.
Début de concurrence sur un marché autrefois enclavé
Fin d’une vieille récurrence, abrogation d’anciens acquis
Cette tendance concurrentielle ne fera que commencer
De 1995 à 2000, les subventions sociales, peu à peu, reculent
Les associations doivent aller sur les marchés, soulever les opercules,
Le travail à l’acte est posé, le soutien à tout crin dénoncé
Inéluctablement le domaine social devient plus agressif
Les termes tarification, prestation, génèrent un caractère incisif
L’infrastructure globale se transforme, les difficultés sont nombreuses
L’AGASEF se doit de rebondir, sortir des pistes devenues creuses
Notre arbre, notre hêtre est attaqué par des parasites,
La forêt est devenue dense et il cherche sa lumière
Pour survivre, il devra se séparer d’une partie de sa bruyère
Pourtant le choix n’est pas facile et encore, il hésite
Ses jardiniers sont à pieds d’œuvre
Mais les pyromanes sont en manœuvre…
Des recrutements et licenciements s’avèrent alors inéluctables.
L’association va atteindre la trentaine et elle est fort instable
Un infléchissement dans sa forme initiale se doit d’être fait
Afin d’éviter que ne surviennent d’incomparables méfaits
Elle doit donc assumer ces modifications structurelles
Et élaguer une partie de ses ramifications conjoncturelles
Pour la survie de notre hêtre
Les jardiniers vont élaguer
Pour que perdure une qualité d’être
Savoir se séparer de ceux qui voulaient l’entailler
En 99, il restera de ces départs volontaires ou précipités des personnes de valeurs
Des anciens qui ont su tenir le cap, des personnes témoins du mauvais temps
Ces personnes sont aux démons ce que le jour est à la nuit, dans l’obscurité une lueur
Répondant encore aujourd’hui « présent », souhaitons qu’elles restent encore longtemps
Ainsi, Maryline BEGEMONT, cadre de prévention, trouva la force de rester
Femme de valeurs, elle pesa alors de ses convictions face à un service délesté
Et tint les rênes d’une association en pleine mutation structurelle
Avant que d’autres n’arrivent pour l’aider à supporter cette tutelle
Début 2000, la « gazelle », comme la surnomment encore de nos jours certains jeunes,
Voit donc partir son pilier central, Mr BERLEY qui, pour la dernière fois, sur le site, déjeune
Une nouvelle courageuse et téméraire directrice prend alors la place vacante
Anne-Laure FAUSSET qui devra ré étayer notre arbre trentenaire comme une battante
Munie d’un DEA droit public et d’une expérience d’aide sociale à l’enfance
Elle va devoir accommoder l’association dans un monde en souffrance
Le chômage est massif, l’action sociale plus délicate, plus violente,
Elle doit se restaurer dans une conjoncture socio-politico-économique virulente.
Juin 2000 voit l’AGASEF accompagner la fermeture de son dernier centre social
L’équipe, face à la prise d’autonomie des bénéficiaires, décide l’arrêt de son action
Elle reste ainsi conforme à ses idées directrices en évitant par un soutien abyssal
De générer une dépendance colossale désagrégeant les compétences et abrasant toute réaction
Notre hêtre sait faire des choix et préfère de loin l’être à l’avoir
Il refuse de se faire acheter et s’éloigne des gros enjeux de pouvoir
En 2002 se déploie une action d’encadrement des mineurs sur les TIG
Ces travaux d’intérêts généraux visent à faire prendre conscience d’une faute
A des jeunes pour qui souvent le système et ses contraintes fatiguent
Des jeunes en souffrance qui condamnent cette société policière et despote.
En 2003, l’association cherche à se densifier par des actions plus pérennes
Elle n’a jamais eu peur de relever des défis mais désire une meilleure stabilité
Elle redevient excédentaire, seul moyen à long terme de garder les rennes
Elle préserve malgré tout ses satellites gravitant autour d’un axe marqué de solidité
Notre hêtre a 34 ans, il a la cime hors des ombres obscures et voit le soleil
Il est à l’été de sa vie et, même si bourrasques et gros orages l’ont blessé, il veille…
Les années 2003 -2007 sont témoins de l’agrandissement de la couverture associative
Elle s’étend à présent sur l’Ondaine et le Gier et sur tous ces plans, devient plus active
En 2003, elle voit aussi le développement de l’ASI, appui social individualisé
La mesure doit soutenir les chômeurs de longue durée de façon personnalisée
L’ASI couvrira d’abord Saint-Etienne puis s’étendra sur le secteur de l’Ondaine.
L’association se déploie ; pour une pérennité, nous avons là, sûre, une aubaine !
L’ouverture d’un service de réparation pénale se fait également en 2003
Alternatives aux poursuites judiciaires, elle propose, de par une implication éducative
De sanctionner, responsabiliser et sensibiliser le mineur et ses parents à la loi
La « rép » se place ainsi entre la sanction pénale lourde et l’action préventive
Habilitée par le Conseil Général, elle fera partie des structures plus pérennes.
Et enrichira l’association tout en contribuant à la rendre plus sereine.
En 2007, le partenariat avec la Protection judiciaire de la jeunesse se développe
L’Association Départementale d’Aide à l’Insertion des Jeunes naît et la PJJ l’enveloppe
L’AGASEF l’absorbe pour mettre en place une action d’information aux 13-18 ans
Une animatrice ira dans les écoles pour expliquer le fonctionnement judiciaire courant
Courant 2007, l’AGASEF voit aussi l’arrêt des Travaux d’Intérêts Généraux
Sur notre hêtre, une branche de taille moyenne est coupée, il y faudra un garrot.
En 2008 se crée un service d’AEMO/ AED qui accueille une toute nouvelle équipe,
Elle affirme son implantation associative dans le domaine de la protection de l’enfance.
Encadrée par Albin CLAMASON, elle relève un nouveau défi, un nouveau leadership
Cet homme de conviction qui n’aime pas tourner en rond apporte une réflexion dense
2008 encore : les sections Insertion et bilans socio-professionnels en sont aussi natives
Le « DIAG » est la première mission de délégation de service publique
Les nouvelles équipes sont motivées et fort sympathiques
En juin 2009, le service RMI devient service de Revenu de Solidarité Active
Ces équipes sont Chapeautées par Serge ROSEPIECE,
Et travaillent sur le tissu social, le rapiècent
Toutes ces équipes sont jeunes, motivées et dynamiques,
Et tout concourt vers un enthousiasme endémique
Cela dit les arbres, on le sait, ne peuvent pousser sans oxygène ni azote
Ils ne peuvent se passer des nutriments actifs sans quoi c’est la rase-motte
Ainsi l’AGASEF ne peut non plus se passer du pôle administratif
Durant toutes ces années, des secrétaires et de la comptable, soyons admiratifs
Elles sont le maillon intermédiaire central sans lequel les informations
Ne transiteraient plus et resteraient éparpillées au gré des incommunications
Saluons aussi les plus anciens qui ont fait évoluer l’association
Saluons Chélla BOURECHE, comptable depuis des années et femme d’action
Saluons encore Maryline BEGEMONT qui, depuis 1987, soutien la prévention
Et saluons les autres, les piliers, les puristes qui n’ont jamais manqué de passion
Saluons dans la foulée la partie sans laquelle l’association n’existerait pas
Un grand merci au Conseil d’Administration, président, trésorier, secrétaire,
Il est de notre arbre la sève, point ardent, sourcier et proche de la terre
Il organise les grandes directions prises et lutte contre, de notre hêtre, le trépas.
C’est grâce à ces talents combinés que l’association a su développer sa philosophie
Adaptation, transparence et autonomisation comme constants défis
Et cette notion de responsabilisation : l’homme désirant et manquant
Devient sujet de ses actes, qu’ils soient liants ou annihilant
Il trouvera toujours réponses en autrui à ses agissements
Qu’ils se matérialisent par des sanctions ou des sacrements
Toute liberté, quelle qu’elle soit, est forcément encadrée
Nul n’est seul en ce monde et chacun peut se faire recadrer
Dés lors que l’homme comprend qu’il ne peut rien construire sans l’autre
Il en devient plus humble et, du « mien » en fait « nôtres »
C’est ainsi qu’il acquiert alors une véritable posture professionnelle
Et saisit alors qu’en lui parle tout un ensemble institutionnel
A présent notre arbre a 40 ans, il est solide,
Il a vieilli, certes mais n’a pas pris une ride
Valorisons-le aujourd’hui auprès des pouvoirs publics,
Enrayons de ce pas un monde que de fric et de flics
Continuons à faire entendre la voix de la prévention
Et nous aurons gagné une bataille sur la seule répression.
Si l’association voit loin, cette quarantaine restera euphorique
Et les sourires à l’avenir deviendront pléthoriques….